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L’INTERVIEW | Laurent TAÏEB, créateur de lieux de vie parisiens


Laurent TAÏEB (crédit photo : Philippe Vaures)
Laurent TAÏEB (crédit photo : Philippe Vaures)

Serial entrepreneur à succès dans les secteurs de la restauration et de l’hôtellerie depuis trois décennies, Laurent TAÏEB a su créer dans la capitale des lieux de vie et d’émotions urbaines au design unique.



Autodidacte, vous inspirez depuis les années 90 des lieux parisiens haut-de-gamme ouverts sur la ville. Quel est votre fil d’Ariane et où puisez-vous cette inspiration de l’expérience globale ?


Je crois que j’ai l’énergie du pragmatisme ; j’aime les lieux, j’aime les gens, mais j’aime aussi coller aux réalités, observer les tendances et répondre aux attentes. En anticipant, ce que je crois être les courants de demain, j’adresse - parfois trop tôt - des concepts aux identités fortes.


Avec le Café du Trésor, j’avais compris l’importance de la scène et les besoins d’interactions des communautés ; avec Lo Sushi, l’envie des français de découvrir et déguster la cuisine japonaise sur des tapis roulants ; avec Bon, j’avais senti les tendances de fond de besoin de cuisine naturelle et de produits bio ; avec le Kong, j’ai probablement été un des premiers à proposer un restaurant qui réunissait ce fin mélange d’ambiance, de lieu et de qualité constante de nourriture…


Créateur de concepts de restaurants, je cherchais depuis longtemps un lieu dans lequel je pourrais m’exercer à l’hôtellerie, je ne voulais pas un énième boutique hôtel, je voulais me plonger dans des volumes, des espaces, toucher du doigt un certain gigantisme et concrétiser mon idée de l’hôtellerie de demain. Avec l’hôtel de la Poste et celui des Tours Duo, j’ai trouvé les partenaires de jeu idéal.


Vous ouvrez effectivement en 2022 deux complexes hôteliers emblématiques à Paris, un 5 étoiles à la Poste du Louvre restaurée par Dominique PERRAULT et un 4 étoiles dans l’une des deux Tours Duo dessinées par Jean NOUVEL et aménagées par Philippe STARCK. Avec quelle vision et quelle ambition ?


Ces deux projets, vous vous en doutez, sont particulièrement différents, même si dans le fond ils partagent quand même un certain ADN, celui des points de vue hors du commun et celui du prêt-à-vivre ; j’aime à dire que l’hôtel c’est comme le cinéma, c’est la vie en mieux…


L’hôtel de la Poste d’abord, qui sera le premier à ouvrir tout début 2022, est un projet qui m’a complètement absorbé pendant près de neuf années et pour lequel j’ai décidé de prendre la direction artistique, ne pouvant confier à personne d’autre l’incarnation, dans ce lieu unique, de ce que je voulais être mon idée de l’hôtellerie de demain. 82 clés, de luxe, avec une surface moyenne des chambres de 30 m², un prix moyen de 500 € TTC, des vues sur les toits et les monuments de Paris complètement inédites d’un côté, des terrasses végétales et des balcons fleuris de l’autre ; deux restaurants, une cour privée, un patio arboré et un toit terrasse observant la capitale comme un épicentre au milieu de 1 000 ans d’histoire. Mon ambition était de créer un lieu répondant aux attentes actuelles et d’offrir avec style un parcours émotionnel à l’intérieur duquel s’arrêter sur un banc pour regarder les détails architecturaux de Saint-Eustache permet de toucher du doigt une certaine poésie de la vie.



Laurent TAÏEB et Jean-François LEGARET sur le toit de l'hôtel de la Poste du Louvre (1er arrondissement)
Laurent TAÏEB et Jean-François LEGARET sur le toit de l'hôtel de la Poste du Louvre (1er arrondissement)

A hauteur de toits, les vues offertes sont toujours exceptionnelles et souvent spectaculaires. Ici Saint-Eustache
A hauteur de toits, les vues offertes sont toujours exceptionnelles et souvent spectaculaires. Ici Saint-Eustache

L’hôtel des Tours Duo ensuite. Produit extraordinaire dans sa définition qui réunit de nombreux superlatifs. Perché dans une tour à 130 m de haut avec des vues à couper le souffle et des angles sur la capitale jamais adressés, l’hôtel des Tours Duo est architecturé par Jean Nouvel et désigné par Philippe Starck. Commençant au 17ème étage… 139 clés toutes orientées différemment en fonction des points de vue, avec une surface moyenne des chambres de 28 m², un restaurant majestueux aux matériaux sublimes au 25ème étage, un bar sur le toit au 27ème étage, rien que ces détails de programmation positionnent l’hôtel comme un lieu rare aux définitions pour le moins inattendues. Au demeurant, cette vision est complétée par une ambition de rendre le lieu accessible et ouvert au plus grand nombre ; avec un prix moyen des chambres à 220 € TTC, je veux pouvoir offrir une expérience sur la ville qui imprègne le souvenir.


Face à la probable diminution du tourisme d’affaires, comment anticipez-vous l’après-Covid sur le marché de l’hôtellerie parisienne haut-de-gamme ?


Un hôtel est avant tout un lieu de rencontres, un lieu de destination où l’on doit vouloir aller, vivre et partager des moments, un lieu pour vivre-ensemble. S’il est vrai que la pandémie que nous traversons a considérablement remanié les cartes du tourisme et des voyages, je reste un éternel optimiste et je suis persuadé que demain, nous retrouverons ces bonheurs partagés.


En cela, je crois que l’hôtellerie parisienne haut de gamme va devoir jouer avec une clientèle parisienne et française plus encline à aller chercher des expériences, en travaillant avec le “staycation” notamment ; mais aussi demain rapidement travailler avec tous nos voisins européens qui deviendront le premier marché à aller chercher. L’Asie, la Russie et les Amériques reviendront, c’est certain, mais cela prendra peut-être un peu plus de temps. Alors ce temps là il faudra le mettre à profit pour prendre soin de ce premier cercle, développer les tribus et adresser des émotions à nos marchés de proximité directe.


Paris pourrait-il mieux rayonner dans votre secteur d’activité ? Comment ?


Paris est une ville magique ; la France a tenu et tient encore le haut du panier des destinations touristiques mondiales, j’ai une entière confiance en mon pays pour pouvoir toujours se renouveler, valoriser son patrimoine et promouvoir ses savoir-faire.


Paris est une ville riche, immensément diverse, historiquement infinie et culturellement bouillonnante ; les lumières qui scintillent et brillent dans la capitale éclairent de nombreuses diversités et milles expériences à vivre. 2024 est à elle seule une année d’enjeux extraordinaires et d’exposition mondiale, comment mieux accompagner l’hôtellerie et le tourisme qu’en lui offrant les Jeux Olympiques !


S’il fallait vraiment trouver une façon de rayonner encore mieux, je parlerai du transport ; je dirais que la politique de la ville doit continuer à valoriser les flux de tourisme entre l’aéroport international et le centre de la ville. Sans logistique, pas de visiteurs.

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