QUI ÊTES-VOUS ?
Je suis depuis 20 ans un entrepreneur culturel engagé.
En 1996, je découvre à mon arrivée à Paris le quartier de la Butte-aux-Cailles, dans le 13ème arrondissement, une formidable galerie à ciel ouvert de street-artistes, tels MissTic et Jef Aerosol, alors inconnus. L’expérience est fondatrice : j’entame mon éducation artistique sur les murs de Paris. Je me forge une conviction : l’art urbain est un art dont nous sommes acteurs ou spectateurs 24/7, au cœur de l’espace public, dans un contexte non artistique et de gratuité, sur un terrain unique car sans limite ; c’est une forme d’expression qui jette des ponts entre l’art et la vie, entre l’artiste et le passant, entre l’acteur et le spectateur ; c’est l’épreuve de la rue, la plus belle, celle du grand public. Cette conviction est demeurée intacte.
Depuis maintenant deux décennies, je suis un “serial” entrepreneur culturel. Avec une vue “grand angle” du secteur, dans les arts plastiques comme dans les arts du spectacle, grâce à des activités et des réseaux transversaux. Avec surtout un engagement militant, un fil rouge qui donne sa cohérence à mon parcours. Entreprendre dans la culture, certes, mais en inscrivant cette action culturelle dans un combat : démocratiser l’accès à cette culture.
Directeur artistique, collectionneur et commissaire d’exposition spécialiste d’art urbain, je suis aujourd’hui le président fondateur d’Artistik Rezo - à la fois média, club, galerie - et le directeur de l’ICART, l’école du management de la culture et du marché de l’art. Je suis aussi, et c’est la raison de notre échange, l’un des trois associés fondateurs et le directeur artistique de Fluctuart, le 1er centre d’art urbain flottant au monde.
FLUCTUART, POUR QUOI ?
Fluctuart est l’aboutissement d’une passion et le fruit d’une rencontre avec Géraud Boursin. En 2015, il me fait part de l’appel à projets municipal “Réinventer la Seine”. Un an plus tard, Eric Philippon nous rejoint et nous amène le réseau des fonds d’investissements. L’aventure démarre ainsi. Nous avons signé pour une concession de 20 ans sur cet emplacement exceptionnel du Port du Gros Caillou, amarré au pied du Pont des Invalides, face au Grand-Palais.
Fluctuart est un lieu unique, ouvert gratuitement à tous les publics, curieux et passionnés, à la disposition de tous les acteurs de la scène urbaine : les artistes, les professionnels et les institutionnels. Le centre valorise toutes les tendances de l’art urbain, depuis les pionniers du street-art jusqu’aux artistes contemporains, et met plus particulièrement en valeur les pratiques émergentes et innovantes. C’est un lieu vivant, dynamique, évolutif, un lieu de création, d’exposition, de rencontres et d’échanges, d’inspiration et de divertissement, hébergeant un vivier d’événements culturels et artistiques. Fluctuart est aussi un outil pédagogique pour mes étudiants de l’ICART, afin qu’ils partagent leur passion avec le plus grand nombre. C’est vraiment une vision à 360 ° !
Fluctuart est porteur d’une haute ambition pour les artistes, le public et le rayonnement de l’art urbain en France et à l’international. Nous voulons dévoiler aux visiteurs un regard croisé sur l’art urbain en exploitant toutes les facettes du mouvement à travers des expositions temporaires thématiques et monographiques qui rythment les saisons tout en présentant des artistes majeurs par le biais d’une exposition permanente. Par ailleurs, les artistes issus de la scène française ou internationale ont carte blanche pour créer des œuvres in situ. La médiation et l’éducation auprès du public sont au cœur de notre démarche d’accessibilité à travers des ateliers et des visites guidées. Fluctuart est avant tout un lieu en perpétuel mouvement à la fois artistique et festif, entre découvertes et rencontres.
POURQUOI PARIS ?
Paris est la capitale de l’art urbain dans le monde. Chacun le reconnaît. C’est ici que Shepard Fairey vient faire ses grands projets, que Banksy intervient ... Et cela à tous les niveaux : le nombre d’artistes, de projets, de ventes aux enchères et de galeries spécialisées est unique. Les expositions battent des records de fréquentation. Chaque événement suscite un extraordinaire engouement.
En 2016, à l’occasion de la “Nuit Blanche”, nous avions inauguré ART42, le premier musée gratuit et permanent de street-art en France, où j’expose ma collection personnelle, au cœur de l’école 42 fondée par Xavier Niel dans le 17ème arrondissement. Avec plus de 30 000 visiteurs, ce lieu témoigne de la ferveur du public envers le mouvement.
Ce dernier vient en effet réconcilier l’art avec le public. Aujourd’hui, nous avons envie de croire en l’idée d’un art pour tous, ce qui ne veut pas dire un art médiocre. Le mouvement compte nombre d’artistes très ambitieux et de grand talent, y compris conceptuels. Cette quête d’un art accessible à tous est inscrite dans l’ADN du mouvement avec des artistes engagés et en phase avec leur époque. Le travail de rue est l’essence du mouvement et il inspire la création en atelier, qui viendra nourrir à nouveau le travail dans la rue.
PARIS POURRAIT-IL MIEUX RAYONNER ?
Paris fait déjà beaucoup pour la création artistique, l’exposition des artistes et l’accès à la culture. Il pourrait faire encore plus et mieux.
La programmation des musées de la capitale manque parfois d’audace. Swoon, dont nous accueillons la superbe exposition itinérante “Time Capsule” jusqu’au 22 septembre, est une artiste majeure du street-art : elle mériterait par exemple d’être hébergée par des institutions établies !
Je continuerai de m’engager pour la démocratisation de l’accès à la culture. Pour produire tous ses effets bénéfiques, la culture doit être pleinement accessible. Afin d’être pour tous, elle doit venir à chacun. C’est l’essence même du street-art : lorsque la création vient à votre rencontre.
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